Dominique Georget-Tessier, Décembre 2010 

Le panorama du médecin de la semaine du 29 novembre dernier [1] consacre un article intéressant sur la nanocuisine.

  • La silice synthétique amorphe, ajoutée depuis 60 ans au sel et au sucre de table pour son caractère antimottant de manière à empêcher l’agglomération des particules, sous le code E551, contient des éléments nanométriques (de l’ordre de un milliardième de mètre).
  • Le dioxyde de titane (E171), autorisé comme additif alimentaire sert d’agent blanchissant dans les confiseries notamment.
  • Des nanoparticules d’argent sont employées pour leurs propriétés antibactériennes et incorporées à des films alimentaires, des buvards pour les barquettes de viande etc…
     
     

La conclusion de cet article me semble intéressante :

Ces nanoparticules sont utilisées dans l’alimentation, par les industriels, dans la plus grande opacité : « Personne ne peut dire que dans tel produit de telle marque il y a des nanosubstances, à part les industriels : et encore, en l’absence de définition précise et d’obligation de tracabilité, il n’est pas sûr qu’eux- mêmes soient informés quand on leur fournit des nanomatériaux…»

L’AFSSET (aujourd’hui ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) signale 17 nanoproduits sur le marché français en 2008. Elle souligne qu’on connaît mal la toxicité des nanoparticules par voie orale, l’évaluation des risques étant très complexe et les études se portant actuellement plutôt sur la voie respiratoire. On sait seulement que chez l’animal, il y a passage de la barrière intestinale et qu’on observe des effets biologiques (traversée des membranes cytoplasmiques, nucléaires et mitochondriales).

Par ailleurs certaines nanoparticules d’oxyde de titane ou zinc employées en cosmétologie peuvent présenter une toxicité, d’autres non.

Des nanocapsules sont utilisées pour transporter de acides gras oméga3, des phytostérols, du bêtacarotène. Il faut savoir que la taille des nanoparticules peut modifier l’absorption et la biodisponibilité des nutriments.

« Pour le moment, nous n’avons pas de données sur les risques de ces nanoparticules sur la santé » signale Francelyne MARANO professeur à l’université Paris-Diderot-Paris-7et présidente du groupe de veille sur l’impact des nanotechnologies sur la santé au Haut Conseil de santé publique (Hcsp)

Finalement, même si la loi du 13 juillet 2010 issue du Grenelle 2 prévoit la déclaration obligatoire de l’importation, la production et la distribution des nanomatériaux ainsi que l’étiquetage, cela ne renseignera pas sur le risque potentiel du nanomatériau présent.

La situation reste donc très floue pour le moment.

 


[1] Nanocuisine : une pincée de risques, supplément panorama du médecin, semaine du 29 novembre au 5 décembre 2010. Dr Chantal Guéniot