Vraie lumière née de vraie nuit, édition du Cerf, 2009
S’abaisser jusqu’à l’humus où se loge La promesse du souffle originel. Unique lieu De transmutation où frayeurs et douleurs Se découvrent paix et silence. Se joignent alors Pourri et nourri, ne font qu’un terme et germe. Lieu du choix : la voie de mort mène au néant, Le désir de vie mène à la vie. Oui, le miracle a lieu, Pour que tout ait une fin et que pourtant _____________toute fin puisse être naissance.
S’abaisser jusqu’à l’humus, consentir A être humus même. Unir la souffrance portée Par soi à la souffrance du monde ; unir Les voix tues au chant d’oiseau, les os givrés ____________Au vacarme des perce-neige !
Marcheur, ce sont tes traces ce chemin, et rien de plus ; Marcheur, il n’y a pas de chemin, Le chemin se construit en marchant. En marchant se construit le chemin, Et en regardant en arrière On voit la sente que jamais On ne foulera à nouveau. Marcheur, il n’y a pas de chemin, Seulement des sillages sur la mer.
San Do Kaï – « l’essence et les phénomènes s’interpénètrent »
Dans l’obscurité existe la lumière, ne regardez pas avec une vision obscure. Dans la lumière existe l’obscur, ne regardez pas avec une vision lumineuse. Lumière et obscurité créent une opposition, mais dépendent l’une de l’autre comme le pas de la jambe droite dépend du pas de la jambe gauche.
L’attente est une fleur simple. Elle pousse au bord du temps. C’est une fleur pauvre qui guérit tous les maux. Le temps d’attendre est un temps de délivrance. Cette délivrance opère en nous à notre insu. Elle ne nous demande rien que de la laisser faire, le temps qu’il faut, les nuits qu’elle doit.
Sans doute l’avez-vous remarqué : notre attente- d’un amour, d’un printemps, d’un repos -est toujours comblée par surprise. Comme si ce que nous espérions était toujours inespéré. Comme si la vraie formule d’attendre était celle-ci : ne rien prévoir -sinon l’imprévisible. Ne rien attendre -sinon l’inattendu.